Entrepreneur Influent (EI) : Je suis Boubacar SENOU, burkinabè et
canadien, marié et père de deux filles. Je détiens une maîtrise en science et
technologie des aliments obtenu à l’université Abobo-Adjamé devenu aujourd’hui
université Nanguy-Abrogoua, en Côte d’Ivoire. Je suis arrivé au Burkina en 2004.
J’ai travaillé au Laboratoire national de santé publique (LNSP) durant six ans
en tant que technicien et responsable de la section contrôle qualité des
formulations de pesticides. J’ai profité de mon passage au LNSP pour mieux me
former dans diverses techniques d’analyses dans différents laboratoires réputés
à l’international. Je me suis retrouvé plus tard dans les laboratoires de
compagnies minières comme chimiste, ce qui m’a donné l’opportunité de gérer des
équipes et affirmer mon leadership.
En 2013, je
me rends au Canada pour des raisons familiales. Fort heureusement, de mon
expérience au Burkina et à l’international, j’accède directement à l’Ordre
des chimistes du Québec. Je travaille d’abord dans un laboratoire
pharmaceutique. Je migre ensuite dans les laboratoires d’analyses minérales
évoluant dans le secteur de l’extraction et la transformation des métaux.
Pendant que je travaille, je complète un DESS en génie métallurgique à l’école
polytechnique de Montréal. J’intègre depuis le programme du DESS, l’institut
canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole comme membre étudiant
d’abord puis comme membre professionnel.
Avant d’amorcer mon retour au Burkina, je m’inscris à la société américaine de
chimie (ACS American Chemical society). Grâce à mon expérience professionnelle,
mon adhésion est acceptée. Ainsi même hors du Canada, j’ai accès aux
différentes ressources de formation sur les innovations dans le secteur de la
chimie en particulier et de la science en général.
Afribusiness
TV: Parlez-nous d’une histoire inspirante qui vous a poussé à aimer l’entrepreneuriat
et à vous y lancer.
EI : J’ai un ami, Koko, qui est aujourd’hui un géant dans la production et
la
distribution de volaille en Côte d’Ivoire. Plus jeune, à l’approche des fêtes,
nous
allions dans les fermes reculées pour acheter de la volaille qu’on venait
distribuer aux grossistes avec une petite marge pour nous, et nous en
détaillons aussi une partie. Moi, j’étais étudiant et Koko n’était pas
scolarisé. Il en a fait une activité à temps plein si bien qu’aujourd’hui, il
est un incontournable dans la distribution de volailles. Plus je le voyais
avancer dans son projet, plus je souhaitais aussi devenir entrepreneur. Quant à
mon projet d’entrepreneuriat personnel, le choix s’est fait presque seul. Il
faut dire que depuis l’université, j’étais très à l’aise avec les travaux
pratiques de laboratoire et cela s’est confirmé dans la vie professionnelle.
Afribusiness
TV: Quand est-ce que vous avez commencé à vous intéresser à
l’entrepreneuriat ?
EI : En
2011, j’ai participé à une conférence organisée par le fonds international pour
la science (IFS International fund for science). Les participants et les
organisateurs avaient été invités à visiter le laboratoire national que j’avais
quitté depuis un an déjà. Pendant la visite, j’ai eu à intervenir pour
expliquer un certain nombre de choses (c’était mon ancienne maison après tout).
À la sortie de la visite, j’étais dans le véhicule des organisateurs suédois
pour le retour au centre de conférence. Ils ont un moment discuté en suédois,
j’ai su qu’il parlait de moi. Au bout de quelques minutes, la responsable s’est
adressée à moi en demandant pourquoi j’avais quitté le laboratoire. Nous avons eu
une longue discussion et à la fin, elle m’a donné rendez-vous le lendemain. À
la rencontre du lendemain, la responsable m’a dit simplement : « nous avions vu
comment tu expliquais avec simplicité les choses lors de la visite. Nous avons
vu la passion pour la chimie et le plaisir que cela te procure ; nous
pensons que tu devrais sérieusement songer à ouvrir un laboratoire pour
toi-même ». Je me souviens que ma première réaction a été : « les équipements
coûtent extrêmement chers et je ne pourrai pas ». Elle m’a alors dit que je
devais commencer par vouloir ouvrir mon propre labo d’abord, et le reste
viendra. Elle n’a pas été la seule personne à me parler de cela dans ma vie.
L’idée ne m’a plus quitté, mais était en latence dans mon cerveau. Je voulais
avoir mon propre labo et le faire fonctionner au service du Burkina et des
Africains.
Afribusiness
TV: Présentez
votre entreprise, ses activités, ses innovations, sa mission, ses valeurs
EI : Senexel est
un laboratoire d’analyse minérale, environnementale et d’inspection de la
qualité. Nous offrons comme service :
-
Le contrôle qualité des eaux de boissons
au profit des compagnies de forage et des producteurs d’eaux conditionnées.
-
L’analyse des eaux usées avant leurs
rejets dans l’environnement au profit de tous types d’industries.
-
La détermination des métaux lourds dans
les aliments.
-
La formation de personnel de laboratoire
chimique
Comme innovation dans
le secteur d’activité, Senexel demeure le rare laboratoire au Burkina Faso
à :
-
Évaluer la conformité technique de
produits chimiques industriels tels que la soude, l’acide chlorhydrique, et le
peroxyde d’hydrogène
-
Effectuer certains tests de drainage
minier acide
-
Déterminer la présence des métaux lourds
dans les boues de vidanges qui peuvent être revalorisés dans l’agriculture
Notre mission
principale est d’accompagner nos clients à prendre des décisions éclairées sur
la base de données sures, afin de préserver leur business et la santé publique.
Pour accomplir notre mission, nous mettons en avant comme valeurs : la
diligence, l’impartialité et la confidence.
Afribusiness
TV: Parlez-nous
de la qualité de vos offres
EI : Nos analyses
sont conduites sous la démarche de la norme ISO CEI 17025, les coûts d’analyse
à Senexel restent le meilleur rapport qualité-prix. Même pour les analyses, nous
sommes les seuls à offrir au Burkina Faso. Il faut dire que la norme ISO CEI
17025 est la référence internationale pour les laboratoires d’essais et
d’étalonnage. Elle permet de démontrer que nous sommes compétents pour faire ce
que nous faisons. Senexel n’est pas encore accrédité, cependant la démarche
qualité pour ISO 17025 est en œuvre.
Afribusiness TV : Quel message pour les consommateurs : pourquoi
devraient-ils vous choisir ?
EI : La meilleure
façon de lever le doute concernant la qualité de nos prestations est de nous
essayer. À Senexel, ce n’est pas seulement des résultats que nous fournissons.
Nous vous aidons à comprendre les résultats et vous guidons au besoin.
Afribusiness
TV: Quelle est l’importance et l’impact de l’entrepreneuriat selon vous?
EI : L’entrepreneuriat
est une excellente voie de réduction du chômage et la
réduction de la pauvreté de façon générale. En effet, une personne en moins
dans la rue, c’est la création d’un ou plusieurs consommateurs. Tout le monde
n’a pas besoin d’être entrepreneur, il faut une fraction sérieuse de la
population qui entreprend, embauche et traite décemment ces employés.
L’entrepreneuriat responsable est bénéfique tant pour l’entrepreneur, les
employés, leurs familles et pour les investisseurs. C’est aussi une opportunité
pour créer et garder les ressources financières au niveau national.
Afribusiness
TV: Qu’est-ce que vous aimeriez apporter à la jeunesse ?
EI : À la jeunesse, j’aimerais être un exemple de parcours. J’ai été dans
plusieurs pays européens, il ne m’est jamais venu à l’idée de disparaître et
être un sans papier. Je suis toujours retourné au pays. J’ai travaillé, étudié
au Canada, puis je suis rentré pour démarrer une entreprise ici. Il y a
beaucoup de choses qu’on peut faire ici et avoir son repas quotidien tout en
contribuant à l’économie burkinabè.
Afribusiness
TV: Qui sont ces personnes qui vous inspirent et pourquoi ? Donnez-nous des
citations qui vous inspirent avec leurs auteurs si vous connaissez leurs
noms.
EI : La première personne qui m’inspire c’est ma mère. Je trouve qu’elle s’est
bien
battue pour que je sois ce que je suis aujourd’hui. Bien que n’étant pas
scolarisée, c’était son idée de m’envoyer à l’école puis mon père l’a soutenue.
Elle a tenu à ce que j’ai une éducation que je dirai transversale car avec moi,
elle n’a jamais fait de différence de tâches masculines ou féminines à la
maison. Par exemple, je sais bien cuisiner et à la maison, c’est spontané pour
moi de faire des tâches dévolues aux femmes dans nos sociétés. Je ne pense pas
que ce soit sa citation à elle, mais c’est sa philosophie : « Tout ce qui
mérite d’être fait, mérite d’être bien fait jusqu’au bout »
Une seconde personne qui m’inspire est le sénégalais Cheick Anta DIOP, pour son
esprit autodidacte et sa détermination à aller au bout des choses sans jamais
renoncer. Pour lui, pour que l’Afrique se développe elle devrait se connaitre
elle-même d’abord, puis exploiter et exprimer tout son potentiel. Il disait : «
La facilité avec laquelle nous renonçons souvent à notre culture ne
s'explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude
progressiste adoptée en connaissance de cause. »
Afribusiness
TV: Quels sont les caractères qui vous définissent et dont vous êtes fiers,
car sans ces caractères vous auriez abandonné face aux difficultés.
EI : Je
suis passionné par la chimie analytique et je suis persévérant face aux défis.
Afribusiness
TV: Donnez-nous une citation inspirante venant de vous-même
EI : « Tous les problèmes ont
une solution. Quand un problème n’a de solution, cela devient une
situation avec des nombreuses possibilités. »
Afribusiness
TV: On a tous connus des échecs dans nos vies, lequel ou lesquels vous ont
marqué mais qui ne vous ont pas empêché d’avancer. Face aux échecs quelles
aptitudes adoptez-vous ?
EI : J’avais
besoin d’un équipement que j’ai acheté en ligne aux enchères sans avoir
la possibilité d’aller l’inspecter avant. J’ai reçu le matériel défaillant et
la pièce
de rechange me coûterait presqu’autant que le coût d’acquisition de
l’équipement. C’est aussi ça le risque d’acheter un bien aux enchères.
C’est la façon dont on réagit aux résultats inattendus qui en feront des échecs
ou non.
La
meilleure attitude est de tirer leçon de tout ce qui se produit qu’il soit bon
ou mauvais.
Afribusiness
TV: Quand vous réussissez dans une chose, comment réagissez- vous ? Quelles
sont vos petites ou grandes réussites dont vous êtes fiers ?
EI : Quand
je réussis dans quelque chose, juste après le moment de joie, je tente
d’analyser la situation pour voir les leçons à tirer aux profits des défis à
venir.
Ma première réussite a été de pouvoir démarrer le laboratoire d’analyse Senexel
avec le soutien de ma conjointe, car c’est un secteur d’activité où ce sont de
grands groupes industriels qui opèrent. En Afrique, les privés se lancent
surtout dans les laboratoires d’analyses biomédicales. Les autres labos font
surtout l’analyse de l’eau car l’investissement est un peu moindre.
Afribusiness
TV: Un conseil pour la jeunesse ?
EI : Mon
premier conseil sera le voyage. Saisissez toutes les occasions pour voyager à
l’intérieur du pays et hors du pays. Cela permet d’avoir plusieurs façons
d’aborder une problématique donnée. Souvent ce qu’on cherche à résoudre
comme problème ici, quelqu’un l’a déjà résolu ailleurs. On peut donc s’inspirer
de ce qui se fait bien ailleurs et l’adapter à notre contexte pour en faire un
projet utile.
Comme deuxième conseil, c’est d’entreprendre le plus tôt possible. En effet
plus jeune, on a souvent moins d’engagement familial. Nous avons ainsi moins de
pression et on peut tomber et se relever sans que la famille paye un lourd
tribut.
Afribusiness
TV: Que pourriez-vous ajouter pour inspirer et
encourager les personnes qui vont vous lire ?
EI : Je
dirais que je suis juste au commencement de cette belle aventure
d’entrepreneuriat. Il reste à prouver la qualité de nos services aux burkinabè
d’abord, puis aux restes du monde. L’objectif premier en entreprenant était de
me faire plaisir en faisant ce que j’aime, tout en ayant la possibilité d’être
avec
ma famille. Il serait utopique de croire que tous ceux qui deviennent
entrepreneurs seront milliardaires tout de suite. Réussir à faire ce qu’on aime
et en vivre décemment doit être notre premier objectif. Le reste sera notre
bonus, sinon d’autres continueront avec l’entreprise où nous la laisserons. Les
géants industriels se sont construits souvent sur plusieurs générations.
Contacts:
+226 70 29 72 75
+ 266 64 24 27
27 (WhatsApp professionnel)
https://web.facebook.com/Senexel
https://www.linkedin.com/company/senexel
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