mercredi 11 août 2021

Boubacar SENOU: "L’entrepreneuriat responsable est bénéfique"

 

Afribusiness TV: Présentez-vous svp !


Entrepreneur Influent (EI) : Je suis Boubacar SENOU, burkinabè et canadien, marié et père de deux filles. Je détiens une maîtrise en science et technologie des aliments obtenu à l’université Abobo-Adjamé devenu aujourd’hui université Nanguy-Abrogoua, en Côte d’Ivoire. Je suis arrivé au Burkina en 2004. J’ai travaillé au Laboratoire national de santé publique (LNSP) durant six ans en tant que technicien et responsable de la section contrôle qualité des formulations de pesticides. J’ai profité de mon passage au LNSP pour mieux me former dans diverses techniques d’analyses dans différents laboratoires réputés à l’international. Je me suis retrouvé plus tard dans les laboratoires de compagnies minières comme chimiste, ce qui m’a donné l’opportunité de gérer des équipes et affirmer mon leadership.

En 2013, je me rends au Canada pour des raisons familiales. Fort heureusement, de mon expérience au Burkina et à l’international, j’accède directement à l’Ordre
des chimistes du Québec. Je travaille d’abord dans un laboratoire
pharmaceutique. Je migre ensuite dans les laboratoires d’analyses minérales
évoluant dans le secteur de l’extraction et la transformation des métaux.
Pendant que je travaille, je complète un DESS en génie métallurgique à l’école
polytechnique de Montréal. J’intègre depuis le programme du DESS, l’institut
canadien des mines, de la métallurgie et du pétrole comme membre étudiant
d’abord puis comme membre professionnel.
Avant d’amorcer mon retour au Burkina, je m’inscris à la société américaine de
chimie (ACS American Chemical society). Grâce à mon expérience professionnelle, mon adhésion est acceptée. Ainsi même hors du Canada, j’ai accès aux différentes ressources de formation sur les innovations dans le secteur de la chimie en particulier et de la science en général.

Afribusiness TV: Parlez-nous d’une histoire inspirante qui vous a poussé à aimer l’entrepreneuriat et à vous y lancer.


EI : J’ai un ami, Koko, qui est aujourd’hui un géant dans la production et la
distribution de volaille en Côte d’Ivoire. Plus jeune, à l’approche des fêtes, nous
allions dans les fermes reculées pour acheter de la volaille qu’on venait distribuer aux grossistes avec une petite marge pour nous, et nous en détaillons aussi une partie. Moi, j’étais étudiant et Koko n’était pas scolarisé. Il en a fait une activité à temps plein si bien qu’aujourd’hui, il est un incontournable dans la distribution de volailles. Plus je le voyais avancer dans son projet, plus je souhaitais aussi devenir entrepreneur. Quant à mon projet d’entrepreneuriat personnel, le choix s’est fait presque seul. Il faut dire que depuis l’université, j’étais très à l’aise avec les travaux pratiques de laboratoire et cela s’est confirmé dans la vie professionnelle.

Afribusiness TV: Quand est-ce que vous avez commencé à vous intéresser à l’entrepreneuriat ?

EI : En 2011, j’ai participé à une conférence organisée par le fonds international pour la science (IFS International fund for science). Les participants et les
organisateurs avaient été invités à visiter le laboratoire national que j’avais quitté depuis un an déjà. Pendant la visite, j’ai eu à intervenir pour expliquer un certain nombre de choses (c’était mon ancienne maison après tout). À la sortie de la visite, j’étais dans le véhicule des organisateurs suédois pour le retour au centre de conférence. Ils ont un moment discuté en suédois, j’ai su qu’il parlait de moi. Au bout de quelques minutes, la responsable s’est adressée à moi en demandant pourquoi j’avais quitté le laboratoire. Nous avons eu une longue discussion et à la fin, elle m’a donné rendez-vous le lendemain. À la rencontre du lendemain, la responsable m’a dit simplement : « nous avions vu comment tu expliquais avec simplicité les choses lors de la visite. Nous avons vu la passion pour la chimie et le plaisir que cela te procure ; nous pensons que tu devrais sérieusement songer à ouvrir un laboratoire pour toi-même ». Je me souviens que ma première réaction a été : « les équipements coûtent extrêmement chers et je ne pourrai pas ». Elle m’a alors dit que je devais commencer par vouloir ouvrir mon propre labo d’abord, et le reste viendra. Elle n’a pas été la seule personne à me parler de cela dans ma vie. L’idée ne m’a plus quitté, mais était en latence dans mon cerveau. Je voulais avoir mon propre labo et le faire fonctionner au service du Burkina et des Africains.

Afribusiness TV: Présentez votre entreprise, ses activités, ses innovations, sa mission, ses valeurs

EI : Senexel est un laboratoire d’analyse minérale, environnementale et d’inspection de la qualité. Nous offrons comme service :

-         Le contrôle qualité des eaux de boissons au profit des compagnies de forage et des producteurs d’eaux conditionnées.

-         L’analyse des eaux usées avant leurs rejets dans l’environnement au profit de tous types d’industries.

-         La détermination des métaux lourds dans les aliments.

-         La formation de personnel de laboratoire chimique

Comme innovation dans le secteur d’activité, Senexel demeure le rare laboratoire au Burkina Faso à :

-         Évaluer la conformité technique de produits chimiques industriels tels que la soude, l’acide chlorhydrique, et le peroxyde d’hydrogène

-         Effectuer certains tests de drainage minier acide

-         Déterminer la présence des métaux lourds dans les boues de vidanges qui peuvent être revalorisés dans l’agriculture

Notre mission principale est d’accompagner nos clients à prendre des décisions éclairées sur la base de données sures, afin de préserver leur business et la santé publique. Pour accomplir notre mission, nous mettons en avant comme valeurs : la diligence, l’impartialité et la confidence.

 

Afribusiness TV: Parlez-nous de la qualité de vos offres

EI : Nos analyses sont conduites sous la démarche de la norme ISO CEI 17025, les coûts d’analyse à Senexel restent le meilleur rapport qualité-prix. Même pour les analyses, nous sommes les seuls à offrir au Burkina Faso. Il faut dire que la norme ISO CEI 17025 est la référence internationale pour les laboratoires d’essais et d’étalonnage. Elle permet de démontrer que nous sommes compétents pour faire ce que nous faisons. Senexel n’est pas encore accrédité, cependant la démarche qualité pour ISO 17025 est en œuvre.

 

Afribusiness TV : Quel message pour les consommateurs : pourquoi devraient-ils vous choisir ?

EI : La meilleure façon de lever le doute concernant la qualité de nos prestations est de nous essayer. À Senexel, ce n’est pas seulement des résultats que nous fournissons. Nous vous aidons à comprendre les résultats et vous guidons au besoin.

 

Afribusiness TV: Quelle est l’importance et l’impact de l’entrepreneuriat selon vous?

EI : L’entrepreneuriat est une excellente voie de réduction du chômage et la
réduction de la pauvreté de façon générale. En effet, une personne en moins
dans la rue, c’est la création d’un ou plusieurs consommateurs. Tout le monde
n’a pas besoin d’être entrepreneur, il faut une fraction sérieuse de la population qui entreprend, embauche et traite décemment ces employés. L’entrepreneuriat responsable est bénéfique tant pour l’entrepreneur, les employés, leurs familles et pour les investisseurs. C’est aussi une opportunité pour créer et garder les ressources financières au niveau national.

 

Afribusiness TV: Qu’est-ce que vous aimeriez apporter à la jeunesse ?


EI : À la jeunesse, j’aimerais être un exemple de parcours. J’ai été dans plusieurs pays européens, il ne m’est jamais venu à l’idée de disparaître et être un sans papier. Je suis toujours retourné au pays. J’ai travaillé, étudié au Canada, puis je suis rentré pour démarrer une entreprise ici. Il y a beaucoup de choses qu’on peut faire ici et avoir son repas quotidien tout en contribuant à l’économie burkinabè.

Afribusiness TV: Qui sont ces personnes qui vous inspirent et pourquoi ? Donnez-nous des
citations qui vous inspirent avec leurs auteurs si vous connaissez leurs noms.


EI : La première personne qui m’inspire c’est ma mère. Je trouve qu’elle s’est bien
battue pour que je sois ce que je suis aujourd’hui. Bien que n’étant pas
scolarisée, c’était son idée de m’envoyer à l’école puis mon père l’a soutenue.
Elle a tenu à ce que j’ai une éducation que je dirai transversale car avec moi, elle n’a jamais fait de différence de tâches masculines ou féminines à la maison. Par exemple, je sais bien cuisiner et à la maison, c’est spontané pour moi de faire des tâches dévolues aux femmes dans nos sociétés. Je ne pense pas que ce soit sa citation à elle, mais c’est sa philosophie : « Tout ce qui mérite d’être fait, mérite d’être bien fait jusqu’au bout »
Une seconde personne qui m’inspire est le sénégalais Cheick Anta DIOP, pour son esprit autodidacte et sa détermination à aller au bout des choses sans jamais renoncer. Pour lui, pour que l’Afrique se développe elle devrait se connaitre elle-même d’abord, puis exploiter et exprimer tout son potentiel. Il disait : « La facilité avec laquelle nous renonçons souvent à notre culture ne s'explique que par notre ignorance de celle-ci, et non par une attitude progressiste adoptée en connaissance de cause. »

 

Afribusiness TV: Quels sont les caractères qui vous définissent et dont vous êtes fiers, car sans ces caractères vous auriez abandonné face aux difficultés.

EI : Je suis passionné par la chimie analytique et je suis persévérant face aux défis.

Afribusiness TV: Donnez-nous une citation inspirante venant de vous-même


EI : « Tous les problèmes ont une solution. Quand un problème n’a de solution, cela devient une situation avec des nombreuses possibilités. »

 

Afribusiness TV: On a tous connus des échecs dans nos vies, lequel ou lesquels vous ont marqué mais qui ne vous ont pas empêché d’avancer. Face aux échecs quelles aptitudes adoptez-vous ?

 

EI : J’avais besoin d’un équipement que j’ai acheté en ligne aux enchères sans avoir
la possibilité d’aller l’inspecter avant. J’ai reçu le matériel défaillant et la pièce
de rechange me coûterait presqu’autant que le coût d’acquisition de
l’équipement. C’est aussi ça le risque d’acheter un bien aux enchères.
C’est la façon dont on réagit aux résultats inattendus qui en feront des échecs
ou non.

La meilleure attitude est de tirer leçon de tout ce qui se produit qu’il soit bon ou mauvais.

Afribusiness TV: Quand vous réussissez dans une chose, comment réagissez- vous ? Quelles sont vos petites ou grandes réussites dont vous êtes fiers ?

EI : Quand je réussis dans quelque chose, juste après le moment de joie, je tente
d’analyser la situation pour voir les leçons à tirer aux profits des défis à venir.
Ma première réussite a été de pouvoir démarrer le laboratoire d’analyse Senexel avec le soutien de ma conjointe, car c’est un secteur d’activité où ce sont de grands groupes industriels qui opèrent. En Afrique, les privés se lancent surtout dans les laboratoires d’analyses biomédicales. Les autres labos font surtout l’analyse de l’eau car l’investissement est un peu moindre.

Afribusiness TV: Un conseil pour la jeunesse ?

EI : Mon premier conseil sera le voyage. Saisissez toutes les occasions pour voyager à l’intérieur du pays et hors du pays. Cela permet d’avoir plusieurs façons
d’aborder une problématique donnée. Souvent ce qu’on cherche à résoudre
comme problème ici, quelqu’un l’a déjà résolu ailleurs. On peut donc s’inspirer
de ce qui se fait bien ailleurs et l’adapter à notre contexte pour en faire un projet utile.
Comme deuxième conseil, c’est d’entreprendre le plus tôt possible. En effet plus jeune, on a souvent moins d’engagement familial. Nous avons ainsi moins de pression et on peut tomber et se relever sans que la famille paye un lourd tribut.

 

Afribusiness TV: Que pourriez-vous ajouter pour inspirer et
encourager les personnes qui vont vous lire ?

EI : Je dirais que je suis juste au commencement de cette belle aventure
d’entrepreneuriat. Il reste à prouver la qualité de nos services aux burkinabè
d’abord, puis aux restes du monde. L’objectif premier en entreprenant était de
me faire plaisir en faisant ce que j’aime, tout en ayant la possibilité d’être avec
ma famille. Il serait utopique de croire que tous ceux qui deviennent
entrepreneurs seront milliardaires tout de suite. Réussir à faire ce qu’on aime et en vivre décemment doit être notre premier objectif. Le reste sera notre bonus, sinon d’autres continueront avec l’entreprise où nous la laisserons. Les géants industriels se sont construits souvent sur plusieurs générations.

 

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